Hier – comme souvent – mon fils de 3 ans et demi m’entraînait vers la chambre parentale, sautait sur le lit, se mettait en garde et m’intimait de venir le rejoindre : le moment était venu, la traditionnelle et immuable « bagarre » allait avoir lieu.

A ce moment, je monte sur le lit et reste à genoux, pour ne pas paraître un adversaire trop impressionnant pour le petit bout.

Il endosse alors un personnage – actuellement, les supers héros des Avengers ont la côte –  et me saute alors dessus tête la première, me lance un grand coup de pied, m’envoie un droit de toutes ses forces et que sais-je encore…

Pas d’agressivité dans tous ces coups, aucune animosité dans ce pugilat, juste un ring d’amour imaginaire où les invectives et les râles vengeurs remplacent les marques d’affection verbales.

La principale fonction du parent ici est surtout de parer les coups les plus dangereux – les papas ont des parties sensibles, convenons en, mais chut… -, d’empêcher l’enfant de se faire mal – en tombant du lit, en tapant sur une partie trop solide, en faisant une pirouette trop acrobatique…, de lui permettre de gagner face à ce personnage de super-vilain qu’endosse son père ou sa mère et surtout de bien se marrer!

Ce moment à l’origine guerrière n’a pas d’autre but que le jeu, la rigolade sous couvert de câlins « virils » et le total abandon de fierté : à ce stade, vous n’êtes plus un « grand », vous êtes redevenu un enfant et vos grimaces, vos pleurs feints et votre pitrerie lors des assauts seront un atout apprécié par vos petits.

Tout à coup, mon fils prend un coussin! Non, que dis-je : il s’agit du bouclier de Captain America! Il me l’envoie en pleine tête, je prends un air ahuri et je m’effondre dans le lit, ce qui le fait se tordre de rire! J’adore ce rire! Je veux garder ce moment en tête, ne jamais le perdre, le faire rire toujours, alors que je sais que le temps l’amènera vers d’autres idoles. Mais là, tout de suite, je suis son papa, son super-vilain à lui qu’il vient de terrasser, son ennemi adoré, et je voudrais que cela ne finisse jamais…

La bagarre, c’est clairement le meilleur moyen de s’aimer en famille 🙂

(A noter que je donne cet exemple avec mon fils, mais je l’ai vécu aussi intensément avec ma grande fille il y a quelques années : la bagarre, c’est non genré 😉 )